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Eclairages & ... de vue
13 octobre 2010

Au revoir, Didier

Au revoir, Didier




Lorsque tu es arrivé, j'étais à Alger. Chez Odile et Robert.

J'ai appris que tu t'appelais Didier.

Didier ? Jusqu'alors Didier était pour moi un roi Lombard, beau-père de Charlemagne, qui l'avait défait.

J'écrivais un mot à Maman : je te nommais Didi.

C'était la première fois. Car, pour Marie-Pierre, je n'allais pas encore à l'école.


De retour à Blida, je me rendais avec Papa à la Bonbonnière.

La Bonbonnière était le nom d'un confiseur situé sur le trottoir de gauche du boulevard des Orangers.

Seule la partie droite de cette rue s'appelait boulevard des Orangers.

Et là, je choisissais des bonbons ronds, et rouges.

Chacun était empaqueté dans un cellophane transparent, rouge.

Et le sachet qui les enveloppait était aussi de ce même cellophane transparent, rouge.

Rouge, c'était pour moi la plus belle des couleurs, la seule couleur, celle dont je voulais habiller Mamie pour notre mariage.

Lorsque vous vous retrouverez, embrasse la pour moi.

Dis lui bien que nous nous occupons de Sugères du mieux que nous pouvons, et en profitons bien pour nous réunir encore.

Puis, j'apportais ces bonbons à Maman, à la Maternité.

Ah, la Maternité, un lieu !

Il fallait gravir la colline, franchir une grille, monter des escaliers, passer l'entrée, le couloir qui menait à la Chapelle, puis des escaliers encore pour accéder aux chambres.

Combien de fois y suis-je allé ? J'ai l'impression que nos tantes s'y rendaient aussi, tout comme Maman.


Alors, quel miroir ai-je envie de tendre, aujourd'hui ?

D'abord celui-ci, inoubliable, que tu as été pour moi.

Il n'y a pas si longtemps que cela, cinq à six ans peut-être, nous étions réunis en famille à Oullins, sur la véranda. J'étais au dessus des escaliers qui conduisent vers l'avant du jardin et j'échangeais avec je ne sais plus lequel d'entre nous.

Je me suis retourné, et là, cette étrange question m'est venue : "Mais qu'est-ce que je fais là-bas ?"

Je venais de me voir, près de la porte qui conduit à la salle à manger !

Cet autre moi, c'était toi. Autant te dire, que cela ne m'était jamais arrivé avant, et que se poser cette question est très troublant !


Et puis, il y a six semaines, je t'avais écrit deux de mes souvenirs qui me paraissent tout à fait qualifier et toi, et ce que tu as fait rayonner autour de toi.

"Je sais que cette semaine est celle de ta quatrième série.

Et, bien sûr, je pense particulièrement à toi et à ta famille.

J'ai vu Marie-Pierre, qui m'a rapporté votre entrevue de dimanche.

Elle m'a dit qu'elle vous avait souhaité "bon courage", et que tu avais répondu "ça, on en a !".

Cela ne m'a pas étonné de toi.

Cela m'a rappelé Grézieux La Varenne.

C'était un dimanche matin, lors du rude hiver de 1963.

Nous revenions de la messe et tu étais encore dans une de ces culottes courtes en peau, que tu avais due hériter de Bertrand ou de Frédéric.

Tes cuisses étaient bleues, et le froid avait tendance à te sidérer.

Mais toi, tu employais des mots pour dire qu'il fallait continuer à avancer.

Ton courage nous en donnait.

Et puis Sainte-Foy-lès-Lyon, 8 rue Marcellin Blanc.

Tu allais à l'école primaire et là, tu t'exposais pour défendre les plus faibles qui étaient injustement attaqués.

Tu étais notre "Bon Didier", le plus jeune, et nous, les trois aînés, on t'admirait.

Allier courage, humour, gentillesse et discrétion comme tu sais le faire..."

Et tel tu te révélais dès l'enfance, tu as continué à être ; ces derniers mois l'attestent ; ton mel du 7 août l'illustre, tu as la délicatesse de ne pas transiger avec l'élégance de ce qui te paraît juste et droit.

Ainsi, qui tu as choisi d'être doit permettre d'éclairer d'un même regard le message que tu écrivais le 28 mai et ton dernier choix, celui des nomades.




L'adieu à Didier

Didier Marie Bernard

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