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Eclairages & ... de vue
15 juillet 2020

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie...

Lorsque, à l'été 1962, ses ainés François-Noël, Bertrand et Frédéric sont dans le sud de l'Italie avec un camp de marche organisé par le Père Philip, Oblat de Marie, de l'école Franco-Canadienne, Pierre et l'essentiel de la famille sont à Sugères, chez ses beaux-parents.

Pierre est alerté par le bureau de poste, pour un appel téléphonique.
Lui, a décidé d'avancer les congés annuels des ouvriers de l'usine du 2 rue Etienne Dinet, à Blida.
Au lieu du mois d'août, les congés sont exceptionnellement avancés au mois de juillet car, le 5, c'est l'Indépendance.
L'Indépendance de l'Algérie.

Lorsque Bernadette, après sa sieste, entre dans le salon, elle perçoit la mine déconfite de ses parents et de sa soeur Odile.

Elle interroge : « Mais enfin, que se passe-t-il ? »
C'est Odile, sa cadette, qui répond : « Nous avons reçu des nouvelles de Blida. La villa Jean-Henri a été pillée. »
Jean Henri, c'est le nom de la villa de la cité Greco, à Blida, où résident Louis et Germaine, leurs parents.
« Où est Pierre ? »

Bernadette court au bureau de poste. « C'est dégueulasse », lui dit-elle, dès qu'elle le voit, révoltée, « ils ont pillé la maison de Papa et Maman ! »

Pierre la prend dans ses bras.
« C'est la notre qui a été pillée. Mon frère vient de me l'annoncer. »

C'est ainsi que Rudyard Kipling entrait une seconde fois dans la famille de Pierre.

SI...

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te remettre à rebâtir,
Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils

Rudyard Kipling

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